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quand vos amis de liège vous en glisse une ...

Le 7 septembre 2009 11:34, Ben Ares <ben1970ares@yahoo.fr> a écrit :

Bonjour Charles,

 
Tes derniers textes envoyés pour langue vive n'ont pas fait l'unanimité.
Nous ne les retenons donc pas pour un prochain numéro.
 
En gros, ce qui a été dit - en connaissance de tes textes publiés, de ton travail - c'est qu'on voudrait être surpris, découvrir autre chose de ton écriture, qui, en usant de la répétition, du bégaiement de façon qui nous a semblé procédurière, ne nous a pas convaincu.
 
En espérant que tu ne sera pas trop déçu...
 
Bien à toi
Ben   
 
 
mon écriture procédurière !
comme il se la pète ce petit comité de poètes réunis à liège sous la férule du faux derche Ben Arès! Je me suis cassé le cul pendant deux jours à écrire à la main deux textes pour la revue et demander des dessins à quentin faucompré et cécile richard et voilà ce qu'ils me répondent. Il faut pas oublier qu'à liège on dit que c'est le centre de la belgique et que tout s'y fait là-bas... pas étonnant de recevoir ce genre de torche balle de soit disant amis. De plus, je n'ai pas à renier la répétion ou quoi que ce soit et si eux ne trouvent pas la "surprise" il y en a bien d'autres qui la trouveront, de toute façon ce texte sur les yeux était aussi un hommage à Parant (et donc c'est bien l'une des rares fois que j'écris sur ce sujet, déjà !) qui lui en a fait vingt pareils des livres, mais en tout cas le jour où Ben Arrière-toute et ses poètes tribuns arriveront à la cheville de sa plume, les poules auront des grosses caries !

voici ce que j'ai envoyé, les deux textes avec image : http://www.vefblog.net/charlespennequin/

Comme si c'était si simple d'écrire La ville est un trou, pas de tombeau pour Mesrine, ... comme si tout le monde le faisait et comme si moi je me répétais dans un océan d'écriture merdique qui nous dit comment il faut écrire et être... l'écriture procédurière elle se trouve où, hein ?  et nous face à l'océan des romans de la rentrée, ça donne quoi ? quand on vous demande un texte dans cette revue, sachez créer la surprise!!! bonne blague !

REVUE&CORRIGEE 80 JUIN 2009 - 5 EUROS

Ce mot pour remercier Jean Christophe Camps pour son formidable CD qu'il a réalisé lors du numéro 80 de Revue & corrigée. Il s'agit d'un disque de 3 morceaux avec Daniel Deshays, ingénieur du son et sa très riche analyse sur un morceau de Pauvros, de Denis Dufour expliquant son travail de compositeur à travers certains de ses morceaux de musique concrète, puis d'un enregistrement assez long qui s'est déroulé dans ma cuisine... La dernière piste est en effet consacrée à des bandes sonores de dictaphone que je lui ai sorti, cela s'intitule "comme j'note rien!" et c'est une sorte de parcours effectué par JC Camps dans différentes impros que je lui fais écouter dans l'instant, tout en expliquant de quoi il s'agit (mais en effet, étant donné le titre qu'il a lui-même choisi, je ne trouve guère ce que je veux vraiment lui faire entendre!).

Ce dernier morceau dure plus de 48 minutes et je pense que cela pourra intéresser quelques personnes, ils pourront ainsi entendre et vraiment apprécier la façon dont le musicien a travaillé à travers les différentes pistes et avec les artistes. C'est très délicat, très riche et surtout fait avec une vraie attention et un amour du son. 

LE SITE DE LA REVUE

Possibilité de commander la revue en envoyant un chèque de 5 euros à NOTA BENE  -  Sievoz-Le-Haut   38350 SIEVOZ.

FAITES SAUTER LES TETES !

L’homme a inventé la bombe pour se rapprocher de dieu. Car dieu a inventé l’explosif pour parfaire l’univers. Quand une étoile explose. Nous en sommes à la finalité de la nature. Toute nature finit par exploser. C’est sa finalité. L’homme en peu de temps a inventé la finalité de la vie. Il a créé la bombe. Quand dieu fait exploser des étoiles. L’homme lui fait exploser des gens. Mais la finalité est la même. La nature est là dans sa plus pure expression. L’expression de la bombe est l’expression souveraine de tout l’univers et l’homme sait ça. Il sait qu’en s’exprimant par la bombe il parle d’égal à égal avec dieu. Dieu n’a plus son mot à dire. Dieu peut faire exploser des millions d’étoiles. L’homme fera exploser lui aussi tout ce qu’il trouve. Tout ce qui tombe sous la main de l’homme est bon pour l’explosif. Car l’homme a su en peu de temps créer la finalité de l’univers qui est d’exploser. La nature explose. La nature a dans son creux un explosif à retardement. La nature a dans le ventre la charge qui fera tout valser. L’homme aussi. L’homme a ça dans le ventre. Il est au creux du naturel. Il attend que ça gicle de toute part. Les têtes volent. Les corps se mélangent. Les organes se déchirent et prennent les airs. Tout est rendu au naturel. Les os craquent. Les yeux se révulsent. Les cervelles s’écrasent contre terre. La nature est inventive. Secrète. Magique. Les doigts sautent par milliers. La nature a un pouvoir d’attraction extraordinaire. Les corps sont invraisemblablement méconnaissables. La vie est une explosion. La vie est une pensée qui ne peut naître sans violemment atteindre tout ce qui l’entoure. Tout ce qui est autour d’une pensée meurt d’un coup. La pensée tue tout ce qui bouge dans un certain rayon. La pensée est une bombe. L’étoile envahit tout et il ne reste plus rien. Plus rien d’humain. Rien que des bouts morts éparpillés. L’étoile est morte. La pensée a produit son tour. La destruction durera le temps qu’il faut. Le temps de voir repousser quelques têtes. Mais les têtes des hommes ne sont pas non plus des poireaux.

vacillants

Nos yeux ne sont pas assez gros, assez grand, nos yeux pas assez développés, enveloppant, nos yeux ne sont pas démesurés, suffisamment démesurés pour voir, voir en entier la brûlure d’un astre, nos yeux ne peuvent montrer la totalité de la face brûlante, nos yeux sont tout petits et tous les petits yeux ne voient rien, même si on additionne tous les yeux, même si tous les yeux se mettent de concert pour voir le disque brûlant dans sa totalité approcher, nous ne verrons rien, nous verrons que du feu, nous ne voyons que du feu avec nos yeux, que du feu et un peu de fumée, et la fumée ça pique la fumée, la fumée ça piquera tous les yeux, aucun des yeux ne verra la fumée, aucun des yeux verra l’astre fumant, un astre comme un immense disque venir nous fumer, il brûlera ainsi nos petits yeux comme des insectes, il s’allumera d’un coup, juste avant il sera comme éteint, comme un disque éteint et puis il allumera nos têtes, nos petites têtes avec nos petits yeux dedans, nos toutes petites têtes venues pour voir, pour deviner un moment calme avant que l’astre nous allume, juste avant qu’il s’allume tout d’un coup, qu’il s’allume et nous fume tout d’un coup, qu’il éclaire ainsi nos têtes une bonne fois, la première et la dernière fois, qu’il allume enfin nos têtes de sagesse, c’est-à-dire qu’il nous éteigne, nous mettre dans le grand éteignoir de lui, que l’astre nous éteigne avec le grand éteignoir de lui, la grande force toute allumée et qui nous surprenne, juste avant ça, l’attente par nos yeux surpris de ce calme, le calme de cet astre qui arrive sur nous en silence et qu’il nous laisse un peu de répit, le répit pour nos têtes, que nos têtes se rassemblent pour penser, qu’une seule pensée nous traverse comme un fil, un fil tendu entre nous, un fil qui passe d’une tête à l’autre, un seul et même fil drainant une seule et même pensée à travers toutes ces têtes venues là pour voir de leurs minuscules yeux qui voient rien, rien d’autre n’est vu, rien d’autre à voir que cet incendie par millimètres, millimètres d’incendies verront les petits yeux, des minuscules portions de rouge et de jaune et de noir, car nous ne verrons finalement que du noir dans nos têtes, nous ne verrons plus de couleurs, seulement un reste d’image noire, image noire de l’astre noir éclairé, l’astre qui nous éclaire enfin après nous avoir fait passer le fil de sa pensée, le fil noir de l’attente, attendons l’astre noir se diront les petites têtes dans le noir de l’astre noir, attendons la venue de la lumière dans nos yeux, se diront toutes les têtes dans le noir de l’astre noir, avant que celui-ci ne s’allume, car l’astre s’allumera d’un coup, mais nous ne pourrons vraiment le voir, nous verrons l’astre noir s’allumer et devenir noir de lumière, mais nos yeux n’auront pas le temps de penser la lumière, nos petits yeux ainsi rassemblés n’auront pas le temps de se débarrasser du fil de pensée qui les a mené à voir, car nos têtes ont été amenée à voir par les petits yeux, mais les petits yeux seront encore dans l’attente de voir quand il faudra vraiment voir, et nos petits yeux ne seront alors pas assez grands pour voir autre chose que ce que les têtes voyaient vraiment, ou s’attendaient à voir, elles s’attendaient à voir du noir s’allumer mais elles n’avaient pas la capacité de voir la lumière, c’est-à-dire de voir une lumière qui s’allume de noir, nous ne saurons jamais à quoi s’attendaient nos têtes, elles savaient tout juste leur ignorance, elles le savaient à peine, à grand peine elles devinaient les tête, à grand peine elle disaient à nos yeux de voir les têtes, mais nos yeux étaient incapables de vraiment voir, il aurait fallu des yeux comme des astres pour engranger la lumière et montrer le bouleversement qui allait opérer, et le bouleversement c’est que nous allions griller dans l’astre noir devenu lumière, une lumière toute noire, c’est ça qu’elles pourraient voir nos petites têtes, mais elles le verraient pas, elles n’auront pas le temps de penser ce que verraient nos yeux, nos petits yeux qui voyaient rien, car nos yeux ne peuvent pas penser seuls, il transmettent ce qu’ils voient, et comme ils ne verraient que du noir nos petites têtes ne sauraient rien de ce qui les attend, et donc nous les petites têtes nous n’attendrions rien, nous les petites têtes nous ne verrions rien, nous avancerions, nous aurions une idée qui nous guide, une petite idée vacillante, une pensée toute petite et nous les petites têtes dedans, vacillants.

PROPOSITION

CHARLES PENNEQUIN EN DIX HUIT TROUS QUI DIT MIEUX