Nous sommes tracés. Nous sommes parlés aussi à partir de nos traces. Ce sont nos traces. Nous sommes des tracés de nos traces. Nous voulons respirer en dehors de nous, c'est-à-dire de nos traces. Nous ne sommes que des détracements de traces. Nous faisons face à nos traces en nous effaçant. Nous faisons face dans l'effacement comment. Comment effacer nos traces. En nous décerclant de l'écrit. L'écriture est un cercle. Pour nous décercler, il ne faut plus de traces, ou alors des traces qui détracent notre encerclement. Nous décerclons en parole. Nous sommes des décercleurs. Notre parole est notre décerclement. Notre parole doit effacer nos traces dans le parler. Comment s'agiter autrement dans ces cercles concentriques. Comment se débarrasser de toutes ces langues encerclantes sinon en déparlant. Comment s'arracher des parlers qui nous suivent à la trace. Comment faire pour se déparler. Comment faire pour se défaire du langage en opérant un décerclement en soi-même. Il nous faut nous défaire des mots qui nous encerclent trop. Les mots qui nous suivent à la trace. Détraçons les mots en les traquant. Détraquons le parler en lui faisant face. Nous faisons face en écrivant, c'est-à-dire en déferlant. La poésie déferle. La poésie est une déferlante dans le lent. La poésie lentement fait déferler le lent. Tout ce qui est lent est déferlé depuis les dedans. Toute la poésie se répand comme une vague. Nous sommes une montagne qui déferle en vague lente. Nous sommes un déferlant lent. Une déferlante lente.